Voir Tokio Hotel et mourir...

Bill Tokio HotelVendredi soir, quartier de l’Opéra. Vers 19h30, une clameur s’élève rue de la Paix, où une troupe de quelques centaines d’adolescents fait face au Park Hyatt. Entre deux cars de CRS, affrétés pour l’occasion, passe une longue limousine noire aux vitres teintées. Elle ralentit devant les portiers de l’hôtel, et continue son chemin, pour tourner à droite et rejoindre le parking du Hyatt par l’entrée de service. Derrière elle courent quelques dizaines de jeunes filles échevelées. Certaines, en larmes, scandent en vain un prénom : Bill.

Attablés sur le trottoir de la rue des Capucines, à ce qui sert de terrasse au Kitty O’Sheas, nous observons entre deux pintes de Murphy’s ces petits groupes de quatre ou cinq adolescentes, qui vont et viennent autour du Hyatt. Le jean est slim, très slim. Les tee-shirts sont noirs, et l’eye liner est de sortie, qu’elles soient blondes, rousses ou brunes.

« Comment, qu’est-ce qu’on fait là ? Vous n’êtes pas au courant ? On attend Tokio Hotel ! », nous explique cette jolie brunette de seize printemps. « Ils viennent d’arriver, et on espérait les voir avant le concert de demain au Parc des Princes, mais ils se sont dépêchés de rentrer dans leur chambre, et maintenant c’est foutu ».

Le visage tordu par une moue de déception, elle narre ses aventures tokyoïtes, vite rejointe par ses copines. « On vient depuis mardi au Parc, mais le service de sécurité refuse qu’on dorme devant les portes. Cet après-midi, on est venues pour ne plus en partir, mais ils nous ont virées. On était les premières, juste devant les portes, et maintenant c’est foutu, on pourra jamais être au premier rang ».

La foi déplace les montagnes. « On a des billets pour toutes les dates de la tournée, alors on en verra d’autres, et du coup, on se demande si on va y aller demain. Si on n’est pas devant, ils ne nous verront pas, ca sert plus à rien », se rebiffe une blondinette, dont la poitrine menue tremble dans son corsage à dentelles.

Toutes les dates de la tournée ? « Oui, je les ai même vus aux Etats-Unis l’an dernier, ma mère a eu une prime, et on y a été ensemble », se rengorge-t-elle. « Mais là, c’est pas pareil, c’est peut-être leur dernière date en France, c’est vraiment pas juste ». Tels trois petits Caliméros, les copines acquiescent.

groupies tokio hotel

Samedi, 1h00. Tandis que les cols blancs, repus de bière et de frites, regagnent les tunnels du métro, le siège s’organise rue de la Paix. Jeunes et jolies, parfois accompagnées par des parents perplexes, réfugiés dans leur voiture, les groupies empilent des cartons en prévision d’une longue nuit, sous les yeux, hilares, des portiers du Hyatt. Les SDF n'ont habituellement pas droit de cité rue de la Paix, mais cette nuit, l'exception sera la règle.

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