Conférence logiciels libres : Firefox / OpenOffice.org

Bon, de retour de la conférence donnée par Tristan Nitot, président et fondateur de Mozilla Europe, et Sophie Gautier, responsable du projet et de la communauté francophone OpenOffice.org. Obligé de partir pour la radio, je n'ai même pas eu le temps de profiter du cocktail qui suivait, m'enfin...

Tristan Nitot : Firefox / Mozilla

Dans un amphi aux fauteuils peu confortables, une soixantaine de personnes qui toutes ont levé la main lorsque Tristan Nitot a demandé qui utilisait Firefox. Nous êtions donc un peu "de la famille", ce qui lui a permis de ne pas s'attarder sur les spécificités de Firefox, mais de s'étendre plutôt sur le fonctionnement de Mozilla et les projets concernant le panda rouge.

Après avoir remercié l'organisateur, la librairie Eyrolles, et souligné que l'on pouvait gagner de l'argent en toute éthique avec le logiciel libre comme elle le fait, Tristan Nitot a insisté sur ce qui constitue l'un des mots d'ordre de la philosophie du libre : la mutualisation.

Quelques dates concernant Mozilla :

  • suite Mozilla 1.0, juin 02
  • Firefox & Thunderbird : fin 2004
  • Firefox 1.5 : fin 2005.

Actuellement, on tourne autour de 147 millions de téléchargements pour Firefox. A suivre sur spreadfirefox.com.

Objectif de Mozilla, organisation à but non lucratif : "promouvoir le choix et l'innovation sur Internet". "A l'époque, c'était même rétablir le choix et l'innovation", se marre T. N., faisant référence au monopole presque complet d'Internet Explorer. En ce temps-là (et encore aujourd'hui, peut-être dans une moindre mesure), "tout le monde produisait du contenu Web pour un navigateur obsolète, qui en plus n'était plus développé".

Mozilla : le projet

  • 40 employés du groupe Mozilla (ou la fondation, ou sa filliale, moins limitée juridiquement, la Mozilla Corp.) dédiés à l'organisation.
  • 120 ingénieurs, à temps plein sur le projet. Il faut du monde pour faire un navigateur capable de tout afficher sur le Web, y compris des sites faits pour des navigateurs obsolètes. Il faut même parfois volontairement injecter des bugs, rigole T. N.
  • Une centaine de localisateurs : ceux qui oeuvrent pour que les logiciels soient traduits dans toutes les langues.
  • + de 10 000 testeurs pour les versions alpha, qui se servent de Bugzilla pour les rapports de bug.
  • + de 100 000 testeurs pour les bêta, près d'un demi million pour la 1.5.
  • les promoteurs. Nombreux et importants, souligne T. N., car c'est en faisant prendre des parts de marché à des navigateurs comme Firefox, Opera ou Safari que l'on fait comprendre aux développeurs Web qu'il est important d'assurer l'interopérabilité de leurs sites. Des logiciels qu'il convient de voir comme des alliés plus que comme des concurrents, dans la mesure où ils permettent de rétablir le choix.
  • + de 1000 extensions

Et probablement près de 60 millions d'utilisateurs dans le monde.

Alors, maintenant ?

"Continuer à pousser l'innovation, améliorer nos produits" et s'ouvrir encore plus à l'international, ce qui passe par la localisation des logiciels. Un mouvement rendu possible grâce à des bénévoles et à la mutualisation, là où les éditeurs propriétaires bloquent sur des questions de coûts.

Puis, Firefox 2 : sortie prévue cet été, sans plus de précision. Première version de test d'ici quinze jours. Firefox 2.0 utilisera toujours la version 1.8 du moteur Gecko, présentera quelques amélioration esthétiques ainsi que de nouvelles fonctionnalités, principalement au niveau de l'historique et de la gestion des favoris. Rendre le "bookmark" accessible aux gens "normaux", qui deviennent vite perdus lorsque le nombre de leurs liens dépasse vingt ou trente. Et accessoirement, corrigera, comme toujours, quelques bugs, notamment au niveau de la consommation de mémoire vive.

Enfin, Firefox 3, à l'horizon 2007, qui passera à la version 1.9 de Gecko et profitera de XUL Runner pour plus de modularité.

Grands comptes : principale nouveauté dans les statistiques de janvier, une utilisation idenbtique de Firefox en semaine et le week-end, ce qui signifie qu'il y a une utilisation de Firefox en entreprise, qui reste malheureusement "silencieuse", déplore T. N., avant de lancer un appel aux chefs de projet : demandez des sites conformes aux standards, et insistez dans vos cahiers des charges pour que les sites soient interopérables !

"Une communauté vivante, qui avec la collaboration de tous permet d'avoir un projet vivant - j'aurais pu dire sympa, remarquable ou qui va peut-être changer le Web ! On vous a donné Firefox. A vous de jouer !"

En réponse à la question d'un auditeur, T. N. a ensuite détaillé le processus de validation d'un pan de code ou d'une fonctionnalité pour Firefox. Plusieurs niveaux de relecture, tests de performance, etc. avec toujours, la possibilté de revenir en arrière au cas ou un développement se révèlerait problématique. Des procédures mises en place du temps de Netscape, pour "traquer certains tocards" qui devaient plomber le dév !

Interrogé sur l'utilisation des concepts d'Intelligence Artificielle dans les produits Mozilla, T. N. a mentionné les filtres bayésiens mis en place dans Thunderbird, capables d'apprendre quels sont les mots clé à isoler pour définir les règles de spam. Pratiques pour ne pas interdire les courriers vantant les mérites du Viagra chez un médecin... ou une personne désireuse d'en acheter en ligne.

Sophie Gautier, OpenOffice.org 2.0

Il est important de comprendre comment les choses se passent et de comprendre comment chacun peut devenir acteur lorsqu'il utilise des logiciels libres, commence S. G.

OpenOffice.org (OOo), c'est 90 projets en cours, uniquement sur Internet, en 80 langues (dont le français, of course), sur six OS (systèmes d'exploitation) et bientôt plus, ainsi que le portage 64 bits prévu pour bientôt. Plus de 650 personnes développent OOo et ont signé le JCA (accord de licence partagée avec Sun).

OOo fonctionne autour de trois catégories :

  • Accepted : coeur du développement, modules, environnement...
  • Native Lang : 34 projets en "langues natives" (fonctionne par langue, par pas pays)
  • Incubateurs : comme son nom l'indique, les nouvelles idées

Chacune de ces catégories inclut un certain nombre de sous-projets : marketing, organisation, etc. sous l'égide d'un Communité Council de neuf personnes. 4 de l'accepted, deux du Native Lang, deux Incubateurs, un membre de la communauté d'utilisateurs et une personne de chez Sun.

Chaque projet dispose de son propre site, donc : 90 sites. Mailing lists, IRC, et plus récemment, blogs servent à relier toute la communauté. Plus de 3000 mails par semaine, des canaux IRC dédiés au dév, ouverts à ceux qui auraient des idées ou des questions.

La communication se fait également hors ligne, précise S. G., qui en profite pour annoncer la 4e conférence internationale OOo, à Lyon, les 11, 12 et 13 septembre prochains.

Avant la version 2.0, OOo était sous licence SSIL (Sun Industry Standard Source License) mais tourne maintenant sous licence LGPL (GNU Lesser General Public License). Les différentes licences utilisées posent certains problèmes. Par exemple, le dictionnaire est protégé par la licence GPL (General Public License) : son intégration dans la suite imposerait donc de passer toute cette dernière sous licence GPL, ce que ne souhaitent pas les instigateurs du projet. Avis aux amateurs : un redéveloppement sous LGPL serait le bienvenu, indique S. G.

Au sujet de la version 3.0, S. G. reste assez évasive : prévue pour dans deux ans, environ, sans guère de prévisions quant aux innovations attendues. Le support du format SVG est prévu, mais ce n'est pas une priorité, beaucoup d'autres choses restant à faire. Quant au taux de pénétration, les dernières estimations font état de prévisions de 4 à 6 % de parts de marché pour 2006.

Un auditeur abordant la question des ministères, des pouvoirs publics et de leur passage au libre, Tristan Nitot a repris la parole pour signaler que le cas de l'Education nationale et de son immense parc info était particulier. Sachant que les choix que feront nos chètes têtes blondes en matière de logiciels et les conseils qu'elles prodigueront ensuite à leurs proches sont en grande partie dépendants des produits qu'elles auront pris l'habitude d'utiliser, par exemple à l'école, les éditeurs propriétaires sont prêts à consentir d'importants efforts financiers pour "investir sur le long terme", quitte à vendre à perte... Autre point : dans l'Education, les dépenses sont gérées au niveau des collectivités, ce qui impliquerait d'innombrables opérations de démarchage...

Voilà. Tout ça pour ne même pas pouvoir s'en jeter un petit, faute de temps. Grrrr....

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