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Hier soir se tenait dans les locaux du Conseil général d'Ile de France le grand raout organisé par la fondation Mozilla à l'occasion du lancement de la dernière version de leur navigateur, Firefox 2. Geeks, journalistes, bloggeurs, curieux et membres actifs de la communauté du logiciel libre composaient l'aimable assistance qui a mis un point d'honneur à mettre à mal les dizaines de bouteilles de Gamay prévues pour l'occasion, servies par des maîtres d'hôtel élégamment vêtus d'un tee-shirt à l'effigie du célèbre logiciel.

Jean-Paul Huchon, président du Conseil Régional Ile-de-France, introduit la soirée par un discours lors duquel il a brillamment démontré qu'il ne connaissait rien, ou presque, aux questions abordées, bien que la région soit selon lui engagée dans un processus de réflexion autour du haut débit, du logiciel libre et des nouvelles technologies. Tristan Nitot, aimable président de Mozilla Europe, prend la suite pour un bref discours orné de piques et d'allusions qui lui attirent la sympathie sans réserve d'une assistance déjà acquise à sa cause.

Une fois les formalités officielles passées, les genres se mélangent et les langues se délient, la dive bouteille aidant. Et les choses deviennent plus intéressantes, forcément. En vrac, quelques constatations :

- Firefox fait l'unanimité, ou presque. Même le monsieur avec un badge Microsoft reconnaît que c'est un sacré bon navigateur ;-)

- La communauté du logiciel libre véhicule en son sein quelques illuminé qu'on serait presque tentés de qualifier d'intégristes, tant leurs positions relèvent parfois de l'utopie. Certains refusent purement et simplement la controverse, ce qui constitue rarement un signe d'ouverture d'esprit. Dommage.

- Cela dit, d'autres se révèlent de sacrément bons rhéteurs et raisonnent plus qu'ils ne se laissent emporter par la passion. Pour la peine, je vais me plonger dans le texte du projet de la licence GPL v.3.

- Les geeks, les vrais, pas ceux qui se contentent d'aimer les gadgets ou de zoner sur Internet, ont manifesté un certaine étonnement devant la présence de bloggeurs qui ne cherchaient qu'à être vus ou à prendre des photos pour briller sur Flickr. A les entendre, ce n'était pas une bonne surprise : pas besoin de faire de cette soirée un événement "branchouille", m'a-t-on dit. Heureusement, il y a aussi des bons bloggeurs ;-)

Au final, merci à Mozilla pour le bon moment passé et l'occasion donnée de rencontrer quelques personnes intéressantes.

Une fois ceci dit, je partage avec Jérôme Bouteiller, journaliste pour le site Neteco.com, un certain nombre de questions relatives au fonctionnement de Mozilla. Ni lui ni moi n'avons obtenu de réponse précise à nos questions. Jérôme résume fort bien certaines de ces interrogations dans un article paru ce soir, Mozilla mal à l'aise avec les millions de dollars générés par Firefox.

Une petite recherche rondement menée depuis un moteur de recherche quelconque nous a en effet permis de nous rendre compte que la fondation Mozilla annonce, à reculons, au moins 50 millions de dollars de recettes grâce à ses accords avec Amazon, eBay et surtout Google. Officiellement, la seule réponse est : "quelques dizaines de millions de dollars".

De quoi rétribuer grassement les 70 employés de la fondation et assurer les développements présents et futurs de Firefox. Comme une fondation ne peut engranger des recettes en son nom, c'est la Mozilla Corporation, propriété à 100% de la fondation Mozilla, qui s'en charge. Il est dit que l'intégralité des bénéfices est utilisée pour poursuivre le développement des produits Mozilla, mais la transparence n'est pas de mise : aucun chiffre, salaire, budget, n'est donné.

Alors qu'aux dires de Mozilla, des milliers d'amateurs et de professionnels s'investissent dans les projets Firefox, Thunderbird, etc., peut-être faudrait-il lever le voile et expliciter le fonctionnement financier de la fondation ?

La question inspire Julien Codorniou, qui reprend l'article de Neteco dans un billet provoc' titré "l'Open source: Tu bosses gratos, et moi j'encaisse. (mais tu es invité à la soirée)" et ne manque pas d'évoquer le rachat de JBoss par Red Hat pour enfoncer le modèle de l'open source et l'exploitation des gentils bénévoles. Bon, on va quand même préciser qu'il bosse pour Microsoft.

Et vous, ça vous inspire quoi ?